Pourquoi la IIIe République est-elle partie en guerre contre le breton ? Quelles ont été les conséquences psychologiques et sociolinguistiques de cette politique ?

Lorsque Thomas Luckmann, pionnier du «tournant linguistique» en sociologie, considérait Émile Durkheim comme une source de sociologie de la langue, il avait à l'esprit la construction de la communauté du monde entier. Cependant, le sociologue français lui-même a compris la langue dans le contexte de la construction de la société civile. Pour Durkheim, la langue était une «chose sociale au plus haut degré» qui permettait des idées générales et les transmettait aux gens. Les idéaux humains abstraits comme la religion civile depuis la Révolution française pourraient être partagés à travers un langage (commun). Ainsi, Durkheim a pris pour acquis l'usage exclusif du français dans l'enseignement public laïque de la Troisième République, ignorant le patois du pays: cet «enfant des Lumières» considérait le français comme une langue universelle de la Gesellschaft et, au-delà des éléments ethnocommunautaires, servir de base à la solidarité organique de la société civile nationale française où la division sociale du travail progressait. La théorie de Durkheim était fondée sur le nationalisme civilo-linguistique et non ethnolinguistique.

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